Texte Maupassant
Mise en scène François Orsoni 

Lumières Jean-Luc Chanonat

Régie François Burelli

Avec Jean-Pierre Pancrazi et François Orsoni

Co-production CTC, Ville d’Aiacciu, Ollandini Voyages,

Création festival E Teatrale, Bastia, 11 mai 2007


À PROPOS

“Un beau et sobre dispositif de lampadaires qui découpent des cônes lumineux sur une scène vide. Un homme assis sur une chaise (François Orsoni) lit un livre à haute voix. Il va s’en détacher, se lever et entrer en représentation. Il est celui qui relie le public à la fonction scénique, le grand ordonnateur du désordre que les mots vont introduire dans la mécanique de la peur. De lecteur passif, il devient acteur, introduisant des bribes d’histoires, l’amorce d’une séquence horrifique, saynètes que son alter ego, (Jean-Pierre Pancrazi), va vivre de l’intérieur en étant l’expression de la réalité décrite. Procédé simple mais parfaitement efficace pour faire vivre ces histoires abominables et ces caractères hors du commun qui peuplent de fantômes les pages acides de Guy de Maupassant.

Sans jamais se croiser, s’ignorant malgré une proximité de sens, ils vont se répondre en écho, devenir ces voix qui exhalent la puanteur de ces œuvres sordides où la beauté fleurie sur les victimes du désordre.

Femme aimée dont on viole la sépulture pour une ultime étreinte, veuve rentière qui cherche à récupérer devant un tribunal un bien accordé à un enfant en échange de ses faveurs sexuelles, lettre d’un suicidé qui suit le lent cheminement qui le mène vers la mort, tout se passe comme si l’humanité vacillait sur les rives du désespoir, juste entre l’indicible et l’inénarrable, à la lisière de l’impossible.

De ce point de vue, le conte qui clôture le spectacle est un bijou de haine et d’amour. Un gentil instituteur, aimé de tous, tue ses meilleurs élèves dans d’atroces souffrances pour se venger d’un Dieu tout-puissant qui a autorisé la mort de ses trois enfants adorés emportés par une maladie de poitrine. Il va alors décider de lui voler des vies en lui dérobant des morts. Au passage, comment résister à un des textes les plus férocement athée, un summum d’agnosticisme que je ne peux que vous retransmettre :

« …et puis tout à coup, j’ouvris les yeux comme lorsque l’on s’éveille ; et je compris que Dieu est méchant.

Pourquoi avait-il tué mes enfants ?

J’ouvris les yeux, et je vis qu’il aime tuer. Il n’aime que cela monsieur. Il ne fait vivre que pour détruire ! Dieu, monsieur, c’est un massacreur. Il lui faut tous les jours des morts. Il en fait de toutes les façons pour mieux s’amuser.

Il a inventé les maladies, les accidents pour se divertir tout doucement le long des mois et des années ; et puis, quand il s’ennuie, il a les épidémies, la peste, le choléra, les angines, la petite vérole ; est-ce que je sais tout ce qu’il a imaginé ce monstre ?

Ca ne lui suffisait pas encore, ça se ressemble tous ces maux-là ! Et il se paie des guerres de temps en temps, pour avoir deux cent mille soldats par terre, écrasés dans le sang et dans la boue, crevés, les bras et les jambes arrachés, les têtes cassées par des boulets comme des œufs qui tombent sur une route.

Ce n’est pas tout. Il a fait les hommes qui s’entremangent.

Et puis comme les hommes deviennent meilleurs que lui, il a fait les bêtes pour voir les hommes les chasser, les égorger et s’en nourrir.

Ce n’est pas tout. Il a fait les tout petits animaux qui vivent un jour, les mouches qui crèvent par milliards en une heure, les fourmis qu’on écrase, et d’autres, tant, tant que nous pouvons imaginer. Et tout ça s’entre-tue, s’entre-chasse, s’entre-dévore et meurt sans cesse. Et le bon Dieu regarde et il s’amuse, car il voit tout, lui, les plus grands comme les plus petits, ceux qui sont dans les gouttes d’eau et ceux des autres étoiles. Il les regarde et il s’amuse. Canaille va ! »

Spectacle merveilleux, ivresse des mots sur des images sordides, je l’avais rêvé. C’est aux Théâtrales de Bastia, il y a deux ans, que j’avais découvert dans une première version qui m’avait passionné, simple lecture polyphonique mise en espace, sans réelle mise en scène. Au cours de longues discussions passionnantes avec les deux acteurs, je leur avais proposé d’en réaliser une version scénarisée et de se retrouver pour une programmation à Cannes. Après quelques mois, ils me présentèrent leur production. Le résultat fut bien au-delà de ce que j’espérais, parce que le talent et le désir se conjuguaient, parce que derrière leur approche d’humilité, un travail rigoureux permettait de rendre au verbe sa magie libérée. C’est la force des belles idées de s’imposer par le naturel. Quand les mots de Maupassant rencontrent l’art des comédiens, les sentiments les plus humains se parent des atours du fantastique.”

Bernard Oheix, Directeur du théâtre de la Licorne, Cannes


Diffusion

Aghja, Ajaccio, novembre 2009
Théâtre universitaire, Corte, novembre 2009
Eglise, Oletta, février 2009
Théâtre municipal, Propriano, février 2009
Centre culturel, Sartene, février 2009
Théâtre de la Licorne, palais des festivals, Cannes, novembre 2008
Prison, Ajaccio, octobre 2008
Bibliothèques d’Ajaccio, octobre 2008
Tournée d’été en Corse, juillet août 2008, (Marignana, San Giulianu, Centres pénitentiaires de Casabianda et de Borgo, Pietrosella)
Théâtre municipal, Porto Vecchio, mai 2008
Théâtre San Angelo, Bastia, avril 2008
Théâtre Universitaire, Corte, mars 2008
Création au festival E Teatrale, Bastia, mai 2007


PHOTOS